Titre

Mémoires et mémorialistes : fonder un idéal familial (1571-1753)

Auteur Yohann DEGUIN
Directeur /trice M. Jean-Pierre van Elslande
Co-directeur(s) /trice(s) Mme Anne-Elisabeth Spica
Résumé de la thèse

Ce travail de thèse se propose de lire les Mémoires, de la fin du XVIe siècle au début du XVIIIe siècle à la lumière de l'espace familial et de ses paradigmes, en contexte européen. De Monluc à Saint-Simon, les écrits des mémorialistes nous permettront d'appréhender l'évolution de l'écriture de soi et de sa lignée dans une société où le pouvoir tend à se partager de moins en moins entre grands seigneurs, pour être concentré dans les mains d'un monarque de plus en plus absolu, et où l'espace subit de fortes mutations. Il s'agira de voir comment le concept de maison aristocratique se métamorphose au sein d'une pratique d'écriture libre comme l'est la pratique mémorialiste, jusqu'à proposer un discours qui peut se poser contre une certaine norme (sociale, politique, etc.) aussi bien qu'en son sens. Nous tâcherons ainsi de mesurer l'homologie qui est à l’œuvre entre la restauration d'un lieu au sens géographique - car c'est bien le lieu, la terre, qui cristallise l'idée de maison - et la restauration de l'hérédité qui est, par extension, une restauration de la paix des familles, notamment après la Fronde. C'est en effet à la fois en héritier et en refondateur que se pose le mémorialiste, lorsqu'il choisit de faire l'histoire familiale ou d'invoquer, au sein de son œuvre, sa parentèle. Ces entreprises servent à la fois l'affirmation d'une place dans le temps, mais aussi et surtout dans l'espace mondain et social. Nous verrons en outre comment se configure l'abolition, par le texte, des frontières étatiques et linguistiques au profit de frontières imaginaires qui tendent à resserrer le lien familial et à reconstruire des lieux de la famille, par la mémoire, au gré des guerres et des alliances. Nous nous demanderons ensuite comment des identités qui, pour être singulières, ne s'entendent qu'à partir d'un fonds culturel collectif et européen, entrent en sympathie avec le groupe familial. Quels procédés rhétoriques permettent, d'une part, le mouvement de soi à la lignée et à ses membres, c'est-à-dire de la singularisation à l'adhésion au groupe, et comment, d'autre part, le discours glorifie-t-il le nom en réponse à une société qui cesse d'y attacher de l'importance ?

Statut terminé
Délai administratif de soutenance de thèse 2018
URL https://univ-lorraine.academia.edu/YohannDeguin
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