S'attendrir, s'indigner : émotions, littérature, et politique au XIXe siècle

« L’indignation et l’attendrissement, c’est la même faculté tournée vers les deux côtés du douloureux esclavage humain », affirme Victor Hugo dans son essai William Shakespeare de 1864. Nombreux sont les personnages romanesques à s’apitoyer devant la souffrance d’un de leurs semblables, à s’indigner et dénoncer son persécuteur et à s’attendrir devant le secours que viendrait lui apporter un tiers. Je réfléchirai, dans cette thèse de doctorat, à la manière dont les romans de la seconde moitié du XIXe siècle expriment, figurent, cherchent à susciter et utilisent ces deux réactions affectives à la misère humaine que sont l’attendrissement et l’indignation. Des Misérables aux Rougon-Macquart, en passant par les derniers romans de George Sand, les premiers romans naturalistes des frères Goncourt et les romans socialistes de la méconnue Marie-Louise Gagneur, mes lectures me permettront d’envisager l’usage politique, moral et esthétique des émotions que font ces romans.