Information détaillée concernant le cours

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Titre

Histoires littéraires transfrontalières

Dates

Octobre 2026 (date à confirmer)

Organisateur(s)/trice(s)

Pr Vincent Debaene (UNIGE), Pre Christine Le Quellec Cottier (UNIL) et Mme Elisabeth Kaess (Université de Strasbourg)

Intervenant-e-s

Pr Alain Vaillant (Nanterre), Pr Ottmar Ette (Potsdam), Pre Christine Le Quellec Cottier (UNIL), Dre Amandine Herzog (UNIBE)

Description

 

Sans l’avoir caché à leur début, mais sans guère l’avoir rappelé par la suite, les histoires littéraires ont souvent eu comme souci celui de la nation. Comme l’a mis en évidence Antoine Compagnon dans La Troisième République des Lettres, tel est le cas en France, où la discipline de l’histoire littéraire s’est constituée après la défaite de la France contre l’Allemagne en 1870. Cette visée patriotique était encore bien présente chez Lanson : l’« histoire littéraire réunit […], elle devient un moyen de rapprochement entre des compatriotes que tout le reste sépare », écrivait-il en 1925 dans « Méthodes de l’histoire littéraire ». Dans son essai intitulé Histoires littéraires, Alain Vaillant a mis en évidence cette visée en intitulant son dernier chapitre « La littérature nationalisée ». Et, malgré les attaques de la Nouvelle Critique contre les méthodes de l’histoire littéraire, le canon est peu ou prou resté le même depuis la fondation de la discipline, en tout cas pour ce qui concerne les siècles anciens.

Cependant, pour la littérature de langue française l’identification de la littérature française à la nation ne va pas sans poser de nombreux problèmes. Du fait que le français existe depuis des siècles ailleurs qu’en France, et qu’il est devenu une langue parlée et écrite sur les cinq continents à la suite de la colonisation, la nation française ne coïncide pas avec le territoire de la langue française. Pour ce qui est de la Suisse en particulier, où est enseignée la littérature française, il est clair qu’il existe une littérature spécifique – en tout cas dans ses structures – mais qui est souvent oubliée dans les enseignements qui ne lui sont pas 

spécifiquement consacrés. En France, la littérature dite « francophone » est souvent abordée en dehors des enseignements de littérature française. Et pourtant, cette séparation est factice.  Tout au long de son histoire, et à certaines époques en particulier, la littérature française a été tributaire d’inventions littéraires dans d’autres langues. Et l’on pourrait rappeler le rôle des voyages et des franchissements des frontières quant à l’évolution des formes et des thèmes « indigènes » à la France.

Il existe d’autres modèles d’histoire littéraire que celui pratiqué en France, poussé à son extrême avec les spécialisations par siècles. Parmi ces modèles, certains sont plus transversaux, et sont enseignés dès le secondaire, puisque les manuels de nombreux pays accordent une importance aux littératures écrites dans d’autres langues que la langue nationale (p. ex. en Italie ou en Allemagne). Au niveau universitaire, dans le sillage de certains romanistes allemands, et d’Auerbach en particulier, la littérature a clairement été pensée à un niveau transnational, et l’importance de cette pensée par rapport à la « littérature mondiale » a été maintes fois mise en évidence. Avec Franco Moretti et ses conjectures sur la littérature mondiale, et les débats sur la « littérature mondiale » qu’a rappelés Jérôme David, la littérature a été pensée à un niveau plus vaste, jusqu’aux littératures du monde (au pluriel) qu’étudie Ottmar Ette dans sa perspective transaréale. Pour ce qui est du monde de langue française, les études francophones ont évidemment tenté d’ouvrir les études de la littérature française par-delà l’Hexagone, mais elles ont dû le faire souvent dans des marges, une frontière étant maintenue entre l’étude de la littérature française et « le reste ». De façon compréhensible, les aspects transversaux de l’histoire littéraire ont été abordés en littérature comparée ; mais on peut se demander si ce n’est pas à partir d’eux que se comprennent véritablement les enjeux des différentes littératures nationales.

 

 

 

Programme

Les deux journées d’étude « Histoire littérature transfrontalières » doivent permettre aux doctorant·es de conscientiser leur propre pratique de l’histoire littéraire et celle qu’ils auront à constuire, quels que soient les thématiques, les périodes ou les formes qu’ils abordent. Chacune des trois premières demi-journées d’études commencera par une conférence plénière d’un des intervenants et sera suivie d’ateliers portant sur un article ou une partie de livre distribuée à l’avance (en accord avec les conférenciers). À ce stade de la réflexion, quatre thèmes pourraient être abordés, qui figurent ici comme des propositions qui devront encore être élaborées: 1. « Conditions pour des histoires littéraires transfrontalières »; 2. « Histoire littéraire transfrontalière à l’intérieur du monde de langue française »; 3. « Corpus transfrontaliers »; 4. « La littérature romande dans des histoires littéraires transfrontalières ». 

 

Lieu

Temple des Eplatures, La-Chaux-de-Fonds

Information
Places

30

Délai d'inscription 01.10.2026
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